vendredi 10 mai 2013

Jeudi 9 mai 2013: La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde : peser



La semaine dernière, j'ai vanté les beautés du lavage des verreries. Cette semaine, je voudrais expliquer pourquoi le je me passionne pour les pesées.
Evidemment, on pourrait craindre quelques pisse vinaigres qui iraient critiquer cette enthousiasme pour les petites choses... mais comment produire des connaissances de bonne qualité si les données de base sont fautives ? Dans un laboratoire de physico-chimie, la pesée est une opération de base, au sens qu'elle détermine les grandes envolées théoriques que l'on pourra faire ensuite. Sans précisions dans les dosages, on ne fait rien de bon.
Peser est-il une opération réellement passionnante ? Oui, pour qui sait voir la beauté de la chose. Par exemple, quand on pèse avec une balance électronique moderne, on a parfois le sentiment que nous savons faire des choses bien plus avancées que nos prédécesseurs... et nous nous trompons : les anciennes balances utilisées par les pères de la chimie moderne étaient d'une précision remarquable, et si leurs mécanismes semblent antédiluviens, ils permettent toutefois d'aboutir à des déterminations remarquablement précises !
Or quand on utilise des instruments de mesure précis, le monde se complique merveilleusement : la moindre poussière qui tombe, le moindre courant d'air, la moindre différence de température, la moindre vibration sont à l'origine d'erreurs, de variations, de fluctuations... Il faut alors dépenser des trésors d'ingéniosité pour lutter contre les oeuvres du diable, lequel est caché derrière chaque geste expérimental.
Car il faut répéter que ces mesures sont la bases des élaborations théoriques ultérieures. Faut-il alors aimer la pesée pour ce qu'elle permettra de faire ? Je crois que ce serait une erreur que de ne pas apprendre à aimer la pesée pour ce qu'elle est. Ce qu'elle est, la détermination d'une masse. Une masse ? Pendant que nous passons du temps à peser, prenons un moment pour réfléchir à ce qu'est une masse : on aboutira peut-être à ce principe d'équivalence, bien reconnu par Albert Einstein, qui assimile la masse pesante à la masse inerte, celle qui apparaît lors des études du mouvement. Il y a là une assimilation aussi extraordinaire que celle du nombre pi qui apparaît quand on calcule le périmètre du cercle, et celui qui survient quand on détermine la surface du disque limité par ledit cercle. Pourquoi ces deux nombres sont-ils identiques ? Pourquoi la masse pesante serait-elle la masse inerte ?
C'est parce que la simple pesée conduit à de telles questions que la pesée est une opération merveilleuse !

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